Pourquoi les banques boudent le plan d'épargne avenir climat


Le Plan d’Épargne Avenir Climat (PEAC), introduit en France pour inciter les jeunes à épargner tout en finançant des projets favorables à la transition écologique, rencontre un accueil mitigé, notamment de la part des banques. Bien que ce dispositif soit ambitieux et aligné avec les objectifs de durabilité de l’Union européenne, plusieurs facteurs expliquent pourquoi les banques semblent réticentes à s’approprier et à promouvoir pleinement cet outil.
Un produit perçu comme peu rentable pour les banques
Le PEAC est conçu comme un produit d’épargne réglementée, destiné aux jeunes de moins de 18 ans et orienté vers des placements verts. Cependant, sa rentabilité pour les banques est limitée. Les frais de gestion associés à ce type de produit sont souvent plafonnés ou strictement encadrés, ce qui réduit les marges bénéficiaires pour les établissements financiers. Comparé à d’autres produits d’épargne ou d’investissement (comme les assurances-vie ou les fonds d’investissement traditionnels), le PEAC ne constitue pas une source de revenus attractive pour les banques.
De plus, les fonds collectés dans le cadre du PEAC sont généralement dirigés vers des projets spécifiques liés à la transition énergétique et à la durabilité. Bien que ces initiatives soient alignées avec les priorités environnementales, elles offrent des rendements potentiellement plus faibles ou plus incertains, ce qui freine l’enthousiasme des banques pour intégrer activement ce produit dans leur offre.
Une demande encore limitée
Un autre obstacle est la demande relativement faible pour le PEAC. Bien qu’il s’adresse à un public jeune et sensibilisé aux questions climatiques, les plans d’épargne traditionnels, comme le Livret A ou le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS), restent largement privilégiés par les familles. Les banques, en constatant un faible engouement initial pour ce nouveau produit, hésitent à investir dans des campagnes de promotion ou à former leurs équipes à le proposer activement.
La méconnaissance du produit joue également un rôle. Les jeunes, principaux bénéficiaires du PEAC, et leurs familles ne sont pas toujours informés de ses avantages ou des modalités de son fonctionnement. Cette faible visibilité rend difficile l’émergence du PEAC comme une alternative crédible aux produits d’épargne classiques.
Une complexité administrative
La gestion du PEAC peut également être perçue comme complexe par les banques. Les critères d’éligibilité des projets financés et les obligations de traçabilité associées imposent des exigences administratives supplémentaires. Ces contraintes, combinées à une réglementation stricte visant à garantir que les fonds soient utilisés pour des investissements verts, compliquent la gestion du produit par rapport à d’autres types d’épargne. Les banques doivent investir dans des systèmes et des processus spécifiques pour se conformer à ces exigences, ce qui peut freiner leur engagement.
Un cadre réglementaire contraignant
Enfin, le PEAC s’inscrit dans une logique d’économie durable, mais il arrive dans un contexte où les banques sont déjà soumises à une pression réglementaire accrue en matière de finance verte. Les obligations de reporting, les contrôles liés à la finance responsable et les exigences de transparence imposées par les régulateurs européens (comme le règlement SFDR sur la finance durable) obligent les établissements à revoir leurs priorités. Dans ce contexte, un produit d’épargne supplémentaire, même dédié au climat, peut être perçu comme une contrainte supplémentaire, plutôt qu’une opportunité.
En conclusion
Le Plan d’Épargne Avenir Climat, bien qu’ambitieux, se heurte à une série d’obstacles structurels qui freinent son adoption par les banques. Entre une rentabilité limitée, une demande encore timide, une complexité administrative et un cadre réglementaire exigeant, les établissements financiers hésitent à s’engager pleinement dans la promotion de ce produit. Pour que le PEAC trouve sa place, des mesures supplémentaires pourraient être nécessaires, comme une meilleure communication auprès des jeunes et des familles, des incitations fiscales pour les banques, ou encore une simplification de sa gestion. À défaut, ce dispositif risque de rester sous-utilisé, malgré son potentiel pour financer la transition écologique et sensibiliser les nouvelles générations à l’épargne responsable.